Le Micocoulier de Provence

Publié le par Cousin Francis

Les Arbres d'Ici...

LE MICOCOULIER DE PROVENCE




    Le Micocoulier de Provence (Celtis australis) appartient à la grande famille des Ulmacées qui comprend quelques 2000 espèces d’arbres et d’arbustes, en particulier l’ensemble des Ulmus (Ormes) et celui des Celtis.

    Tandis que les ormes prospèrent plutôt dans les régions septentrionales fraîches, les celtis préfèrent les climats plus chauds.

    Il existe plus de soixante-dix espèces de micocouliers qui appartiennent tous à l’ensemble des « Celtis », un nom scientifique qui vient de la dénomination antique des arbres à fruits sucrés.

    Cela étant, seuls les fruits du Micocoulier de Provence – les micocoules – sont sucrés et figurent dans l’alimentation des hommes depuis l’aube des temps : lors de fouilles sur des sites d’habitat néolithique, au Sahara, on a retrouvé des amoncellements de noyaux de micocoules !


Le Micocoulier de Provence

    Comme son nom familier le suggère, le Micocoulier de Provence pousse à l’état naturel dans l’Europe du sud et, en particulier, sur tout le pourtour méditerranéen.

    Arbre méridional par excellence, il doit son nom au provençal. En Occitan, on l’appelle encore « micocolièr » –  lorsqu’il s’agit d’un sujet particulièrement important, on féminise le mot en « micocolièra », suivant une pratique courante dans cette langue. Dans certaines régions, on le nomme également « falabréguier ».

    Dans de bonnes conditions, cet arbre peut vivre jusqu’à cinq cents ans et atteindre une hauteur d’une vingtaine de mètres. Le fût de son tronc peut dépasser un diamètre d’un mètre. Sa croissance est rapide au cours de ses premières années.

    Il n’est pas très exigeant et se développe bien dans un sol ingrat, pourvu que celui-ci soit profond et bien drainé. Ainsi, en Provence, le micocoulier est assez commun sur les bords des chemins et des routes, dans les buissons, sur les garrigues. Par ailleurs, il résiste bien à la pollution, aussi l’utilise-t-on en urbanisme pour tracer des alignements ou comme arbre d’ornement.

    Par contre, le micocoulier craint les gelées et on le rencontre très rarement au-dessus de 900 m. d’altitude.

    C’est un arbre qui a besoin de lumière et de chaleur, mais aussi de périodes de relative fraîcheur. Mal exposé ou soumis à des conditions climatiques inadéquates, il se développe mal et ne dépasse pas la taille d’un arbrisseau.

Reconnaître le Micocoulier de Provence

    Le micocoulier est un arbre au port étalé à arrondi.

    Son tronc est lisse mais devient parfois cannelé avec l’âge, avec quelques pustules et protubérances. De couleur gris cendré, son écorce est fine et ressemble assez à celle du hêtre.
Le feuillage du Micocoulier de Provence est caduc et devient jaune en automne – il est à noter que certaines espèces de micocouliers poussant dans les zones tropicales sont à feuillage persistant. Les feuilles sont simples, alternées, elliptiques et légèrement asymétriques à la base. Leur structure veineuse est bien caractéristique : de la base de la feuille, près de l’emplacement du pétiole, partent trois veines principales. Dentées et rugueuses sur le dessus, elles peuvent faire penser aux feuilles de l’orme mais elles sont moins larges et plus finement allongées. Au toucher, elles se révèlent d’une certaine rigidité bien que n’étant pas spécialement épaisses

    A la fois mâles et femelles, les fleurs à stigmates proéminents sont petites et dépourvues de pétales. Verdâtres, elles apparaissent en mai et pendent, généralement par groupes de six, à l’extrémité de longs pédoncules. On observe parfois des fleurs mâles séparées.

    D’un diamètre d’un centimètre environ, le fruit du micocoulier ressemble à la fois à une petite cerise, pour sa forme sphérique, et à un petite olive, pour sa couleur. C’est une drupe – c’est-à-dire que le noyau est presque aussi gros que le fruit – qui persiste sur l’arbre après la chute des feuilles. Au départ de couleur jaune, les micocoules arrivent à maturité en septembre ou octobre – sous leur peau alors devenue d’un violet noirâtre se dissimule un peu de pulpe au goût sucré.


Une utilisation des plus variées

    Le bois du Micocoulier de Provence est assez lourd, à la fois souple et résistant. On s’en est longtemps servi pour fabriquer des objets aussi divers que des cannes à pêche, traverses de chemin de fer, baguettes de fusil, manches d’outils, rames de bateau, instruments de musique à vent (en particulier des flûtes).

    Comme on peut aisément le tresser, il était utilisé pour confectionner des fouets et des cravaches. Les Pyrénées Orientales s’étaient d’ailleurs fait une spécialité dans ce domaine. Jusqu’aux années 1930, le micocoulier a été largement cultivé jusque sur les pentes du Canigou ainsi que dans la haute vallée du Tech. On le désignait alors sous le nom de bois de Perpignan – le « Perpignan » étant le nom donné aux manches de fouet des charretiers, fabriqués dans la région depuis le treizième siècle, et d’une qualité bien supérieure à celles des fouets en faisceaux de branches de hêtre.

    Dans le Gard, on confectionnait également des fourches entièrement en bois de micocoulier destinées à la fenaison. Le processus de fabrication nécessitait une taille spéciale de l’arbre qui était coupé encore jeune, suivie d’une mise en forme définitive de la fourche en passant le manche à la vapeur.

    La mécanisation de l’agriculture a peu à peu fait disparaître ces activités semi-artisanales.
Cela étant, on fabrique toujours des fourches en micocoulier mais pour la décoration intérieure. Plus significatif, la fabrication de cravaches a été relancée dans les Pyrénées Orientales. En 1981, le Centre d’Aide au Travail de la commune de Sorède décide, en effet, de faire revivre l’artisanat du fouet, le considérant comme une partie intégrante du patrimoine catalan. Utilisant le bois d’une micocouleraie de 150 hectares, les handicapés de ce centre fabriquent désormais des fouets et des cravaches de haut de gamme, en particulier pour la marque Hermès.

    Bois de chauffage, il est aussi transformé en un excellent charbon de bois, par un procédé de carbonisation entre 300 et 400 degrés.

    Astringents, les feuilles et les jeunes pousses de micocoulier sont utilisées en pharmacopée dans le traitement des diarrhées, tandis que l’écorce et les racines sont utilisées, depuis l’époque de la Gaule antique, pour produire une teinture jaune. Comme pour son cousin l’orme, les feuilles du micocoulier présentent d’intéressantes qualités fourragères.

    La multiplication du micocoulier se fait par semis, en octobre, par greffe et par bouturage. Dans la nature, il se propage facilement à partir de ses souches et produit également des drageons : des pousses sortant de la racine d’un arbre.

    Selon des textes anciens, l’usage était de cultiver à son pied des petits pois, pommes de terre et fèves.


Cousins d’Amérique et d’ailleurs

    Celtis australis possède plusieurs cousins en Amérique dont le Micocoulier de Virginie (Celtis occidentalis), le Micocoulier du Mississippi (Celtis laevigata) et Celtis tenuifolia.

    Le Micocoulier de Virginie (Celtis occidentalis) est originaire de l’est des Etats-Unis. Il se différencie de notre micocoulier provençal par ses feuilles, également dentées et asymétriques à la base, mais nettement plus petites. Son écorce est sombre et marquée de profonds sillons, voire crevassée. Il dépasse rarement une douzaine de mètres de hauteur.

    Cet arbre s’adapte à différents types de sol mais sa préférence va aux sols frais et profonds. On le cultive aux Etats-Unis depuis 1636 et il occupe désormais un vaste territoire s’étendant au nord-est jusqu’à la Pennsylvanie, au sud-est à la Caroline du Nord et, au sud en Alabama et à l’est au Kansas. Les noyaux présents dans les excréments d’oiseaux migrateurs, ont permis sa propagation vers le nord, très au-delà de la région des Grands Lacs, jusqu’aux provinces canadiennes frontalières du Québec, de l’Ontario et du Manitoba.

    Si la dispersion de ses graines par les oiseaux et les petits mammifères reste le principal mode de reproduction du micocoulier occidental, mais il peut également, comme son cousin européen, se reproduire par rejet.

    Il peut se reproduire par rejet de souche et par la dispersion de ses graines. En effet, comme les oiseaux et les petits mammifères raffolent de son fruit, ils sèment ses graines un peu partout.

    Le Micocoulier du Mississippi (Celtis laevigata) peut atteindre une hauteur de 25 m., soit le double de celle du Micocoulier de Virginie. Avec l’âge, son écorce se couvre de petites excroissances. Rouge orangé à violet, son fruit est nettement plus petit que celui du micocoulier de Provence.

    Celtis tenuifolia est, quant à lui, originaire du Sud-est des Etats-Unis et ne dépasse pas 10 m. de haut.

    En Afrique du sud, les forêts côtières de la région du Cap sont le territoire du Micocoulier d’Afrique (Celtis africana). C’est un arbre majestueux au port dense, qui peut aisément atteindre 30 m. de hauteur.

    Son écorce lisse est d’un gris argenté, tacheté de blanc. Son feuillage vert clair est caduc, ses feuilles ovales et dentelée. La floraison intervient au printemps : de petites fleurs bisexuées, dépourvues de pétales, apparaissent alors à l’aisselle des feuilles. Les fruits arrivent à maturité en juillet/août et sont alors de couleur orangée.

    Celtis africana se multiplie par semis en automne, greffe ou bouture. La plantation peut se faire à l’automne ou au printemps. Comme la plupart des micocouliers, il sait s’adapter à diverses natures de sol – acide, neutre ou alcalin – pourvu que celui-ci soit bien profond et bien drainé. Il aime le plein soleil mais se développe également à la mi-ombre.

    Celtis Africana est une espèce recherchée par les collectionneurs de bonzaï.

    Ce rapide tour d’horizon des Celtis serait incomplet si l’on citait pas quelques micocouliers d’Asie comme Celtis bungeana ou Celtis sinensis. Ce dernier prospère en Chine, Corée et Japon. Il peut atteindre 20 m. de hauteur et son feuillage d’un vert sombre brillant est caduc ou semi-caduc, selon les conditions locales.

    Enfin le Micocoulier d’Australie, s’il est un arbre sacré pour les aborigènes, porte le surnom de White Stinkwood à cause l’odeur désagréable que dégage son bois de couleur jaune.

                                                                                le cousin

Publié dans Chic Planète !

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