Bob et Bobette (la revue !) & Loÿs Pétillot

Publié le par Cousin Francis

Pour tout lecteur de bande dessinée franco-belge, les noms de Bob et Bobette évoquent sans hésitation les fameux personnages créés par Willy Vandersteen en 1945 pour le journal belge néerlandophone De Nieuwe Standaard – ou plutôt leur version française car à l’origine les personnages s’appellent Suske et Wiske. Mais pour le collectionneur un peu pointu de bande dessinée de science-fiction, Bob et Bobette est avant tout le titre d’un hebdomadaire lancé en 1946, avant de se transformer l’année suivante en une série de récits complets, furieusement recherché pour les nombreuses séries de SF qui y furent publiées, en particulier celles d’un certain Loÿs Pétillot.

 

En réalité, l’histoire de Bob et Bobette débute dans les années trente. Il s’agit alors des personnages d’une série de chansons très populaires de R. P. Groffe (paroles) et Zimmermann (musique). Pendant la guerre, ces personnages ont même les honneurs d’une émission radiophonique. A l’automne 1945, les jeunes Editions Dargaud publie un album souple d’une vingtaine de pages, de type textes sous images, consacré à ces personnages. Les dessins sont signés Loÿs Pétillot. Quatre albums supplémentaires sont réalisés et leur succès incite l’éditeur à lancer un hebdomadaire portant le nom des personnages et publiant leurs aventures, bientôt dans le format traditionnel de la BD avec textes dans des phylactères. Le n°1 paraît le 11.7.1946, sur quatre pages au format 19 x 28,5 cm – le journal gagne bientôt 3 cm en largeur et passe à huit pages.

 

Au sommaire de ce premier numéro, outre les aventures de Bob et Bobette par Pétillot, le lecteur découvre des bandes de Le Monnier et Le Rallic, deux des meilleurs dessinateurs de l’époque, ainsi que Hoppy le merveilleux capitaine Bunny. Cette dernière série est une traduction de Hoppy, the Marvel Bunny, un comicbook de super-héros animalier dessiné par Chad Grothkopf pour Fawcett ; Hoppy est présent dans les cinq premiers numéros de Bob et Bobette. Sous le nom de Pippo, le même super-lapin sera repris par les Editions Mondiales sous forme de récits complets dans Les Albums de Pippo et Les Aventures merveilleuses de Pippo, il sera également publié dans L’Astucieux.

 

Mais le temps fort de ce premier numéro est, de notre point de vue, S.O.S. Etoile, première incursion de Pétillot dans la SF – la série dure jusqu’au n°22 (19.12.1946). C’est le début du festival Pétillot ! Paris-Pôle Sud prend la suite dans le n°23 (22.12.1946) – puis c’est au tour d’André Mystère le détective inconnu d’entrer en piste dans le n°24 (2.1.1947).

 

En sus des BD de SF citées ci-avant, on note la présence à partir du n°32 (27.2.1947) d’un roman de SF de R. Chazal, La fin du monde est pour demain, publié en feuilleton avec des illustrations de Robert Bigot.

 

Avec son n°37 (21.4.1947), Bob et Bobette double son format en passant à 28,5 x 38 cm. Un mois plus tard, le Pétillot nouveau est au sommaire du n°39 (8.5.1947) avec Vous serez le maître du monde ; et le n°41 (22.5.1947) présente Radarius le maître du Monde – qui n’est pas signé Loÿs Pétillot mais Helpey, ce qui ne trompa sans doute personne ; la série avait été annoncée sous le titre Radarius le maître du radar. Retour à la signature officielle pour Aventure dans l’Infini dans le n°44 (19.6.1947) – et suspension de Bob et Bobette, version hebdomadaire, avec le n°54 en date du 28.8.1947.

 

Mais ce n’est qu’un nouveau changement de formule et de format. Après la série d’albums, l’hebdomadaire au format fluctuant, Bob et Bobette devient une collection de récits complets de vingt pages, au format français 21 x 26,5 cm, qui poursuit sur un rythme mensuel la numérotation de l’hebdomadaire. Comprenne qui pourra. En date d’octobre 1947, le premier RC est donc numéroté 55 – il y en aura tout juste une dizaine, le dernier portant la date de juillet 1948 et le n°64. Ces dix récits complets relèvent presque tous de la Science-Fiction. Loÿs Pétillot y donne vie une dernière fois à ses meilleurs personnages : Radarius et André Mystère ; tandis que Maurice Limat, à l’époque (et depuis les années trente) l’un des grands noms des Editions Ferenczi et futur pilier du Fleuve Noir Anticipation, signe la moitié des scénarios – sans être toujours crédité.

 

Ci-après la bibliographie de ces dix fascicules :

 

55 – La Cité des Pieuvres (Jean-André Richard / Bob-Dan), 10.1947

56 – Radarius face aux Martiens (Maurice Limat / Loÿs Pétillot), 11.1947

57 – André Mystère contre le Dragon Jaune (Maurice Limat / Bob Dan), 12.1947 (réédition in Le Fulmar 1 & 2, 1981).

58 – Roi de l’Atlantide (Paul Ordner), 1.1948

59 – X21 contre les Ondes Infernales (Jean-André Richard / Dupuy-Franck)

60 – Le Mystère du sous-marin (Jean Normand / Raoul Auger)

61 – André Mystère défie la Chauve-Souris (Maurice Limat / Loÿs Pétillot)

62 – Sous le signe du scalp (Maurice Limat / Robert Rigot), 5.1948

63 – X21 contre X21 (Jean-André Richard / Dupuy-Franck)

64 – Le Capitaine Sabre-au-Clair (Robert Bigot), 7.1948

 

L’aventure éditoriale de Bob et Bobette représente les premiers pas dans la bande dessinée, au moins de quelque importance, de la maison Dargaud, alors plutôt engagée sur le front de la presse féminine. Trois mois après l’arrêt de Bob et Bobette, Dargaud lance l’édition française de Tintin où apparaissent en 1950 devinez qui ? Les fameux Suske et Wiske de Vandersteen, rebaptisées… Bob et Bobette !

 

Et Pétillot, dans tout cela ?

 

Il est né le 10 octobre 1911, en Cochinchine, aujourd’hui une région du Viet-Nam. Il fait ses débuts dans la bande dessinée en 1945 sur la série Bob et Bobette, aux Editions Dargaud – avant de signer, nous venons de le voir, de nombreuses histoires de SF pour l’ hebdomadaire du même nom ainsi que pour la courte série de récits complets qui lui fait suite. Il travaille en parallèle pour Fillette, illustrant des romans, ainsi que pour la Collection Cendrillon, une série de récits complets à la SAETL (1947). Bob et Bobette ayant cessé de paraître, Pétillot collabore au Journal des Pieds Nickelés où il signe Le Chemin de la gloire (1948) et à l’excellent (et sous-estimé) magazine OK avec Les derniers jours de Pompéï (1949) et Tsi la femme pirate (1949).

 

En 1950, Pétillot entre à la Bonne Presse où il va faire l’essentiel de sa carrière, fournissant des illustrations et des bandes dessinés aux divers titres du groupe : Le Pèlerin, Bernadette où il publie Feux sur la sierra (1951),  et surtout Bayard. Sa première grande réalisation pour cet hebdomadaire est Le chevalier inconnu, une BD médiévale sur un scénario de Marie Paul (André) Sève qui, plus tard, signera le scénario du célèbre Thierry de Royaumont, dessiné par Pierre Forget. Après une Vie de Jésus (1953-1955) qui fait date, Pétillot crée en 1956 la série Bill Jourdan, un western sur scénario de Jean Acquaviva – par ailleurs scénariste de la série SF Tony Sextant – qui connaît cinq épisodes. Egalement mémorable : Pascal et Michèle Montford qui débute dans Bayard en 1960 et se poursuit dans Record, suite du précédent.

 

Après une brève collaboration à Pilote avec La chronique de Piquépoc (1964), Loÿs Pétillot s’éloigne de la bande dessinée ; il quitte la Bonne Presse en 1965 pour entamer une collaboration avec la télévision – il réalise des illustrations pour l’émission Le mot le plus long ; installé à Saint-Quay-Portrieux, en Bretagne, il se charge ensuite des illustrations pour des ouvrages destinés à la jeunesse, en particulier pour les Editions Ouest-France, au début des années 80.

 

Loÿs Pétillot succombe à une crise cardiaque le 18 novembre 1983, il avait tout juste 72 ans.

 

Cousin Francis

 

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P
<br /> <br /> Pourriez vous  me dire si vous envisagez de poursuivre votre ency clopédie sf<br /> <br /> <br /> sur la bd les volumes avec la lettre A sont magnifiques.<br /> <br /> <br /> <br />
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