Bruce Willis, Philippe Noiret, Meg Ryan et moi.

Publié le par Cousin Francis


    Ces temps-ci, je me couche de bonne heure – je dors deux heures et je me réveille. C’est alors l’occasion de fureter dans mes stocks de cassettes vidéo enregistrées ces dernières années, quand j’avais encore la télé mais pas envie de la regarder. Je me disais que ça serait « pour plus tard ». Plus tard, on y est.

    J’ai récupéré le vieux poste de télé de ma fille, un peu pourri (parfois le son yoyote), et, il y a deux mois, je me suis ouvert une ligne budgétaire pour acheter, dans une grande surface, un magnétoscope made in China tout neuf à quarante-neuf euros (je me demande parfois pendant combien de temps il fonctionnera ?). Même pas honte.

    Hier soir, je me suis fait un film de politique fiction étasunien : Couvre-feu, parce que j’avais vu qu’il y avait au générique Denzel Washington et Bruce Willis. Je dois avouer qu’il y a fort longtemps, j’avais bien aimé une série télé complètement déjantée qui s’appelait Clair de lune, dans laquelle officiait Cybill Sheperd, dans le rôle de Maddie Hayes, la patronne d’une agence de détectives privés, et Bruce Willis (dans un de ses premiers rôles et avec des cheveux) dans le rôle de David Addison, l’unique employé. Diffusée dans la seconde moitié des années 80, Clair de lune (Moonlighting dans la VO) fut une des premières séries post-modernes, jouant sur la prise de distance, les références et les codes du cinéma. Bruce Willis y était assez épatant.

     Par la suite, j’ai plutôt aimé un certain nombre de films dans lequel il officiait : Pulp Fiction de Tarentino (1994), L’Armée des douze singes de Terry Gilliam (1995), Le cinquième élément de Luc Besson (1997) ou, dans un registre plus psychologique et assez étonnant, Le sixième sens (1999) et Incassable (2000). Je n’ai pas vu l’adaptation de Sin City, la BD de Frank Miller, réalisée, me semble-t-il, par Miller lui-même et Tarentino. C’est donc avec un certain a-priori positif que j’ai visionné Couvre-feu. Hélas, mauvaise pioche : c’est vraiment une grosse daube !

    Avant-hier, je me suis fait Cœur de Dragon (j’ai piqué la cassette dans la collection de mon frère). C’est un film de fantasy pas trop mauvais, évidemment très convenu et plein de bons sentiments, mais parfois plutôt rigolo – et puis je ne savais pas que la voix du dragon avait été doublée par Philippe Noiret.

    Il y a quelques jours, j’ai raconté dans ce blog qu’à une époque je prenais très souvent les TGV Bordeaux-Paris, Paris-Lausanne et Paris-Genève, et que j’y croisais souvent au bar des gens connus. Deux jours après avoir mis en ligne cet article, j’ai appris le décès de Philippe Noiret, un acteur que j’appréciais énormément, et je me suis souvenu que j’avais aussi croisé Noiret au bar d’un TGV !

    C’était il y a quatre ans, dans le Paris-Genève. J’étais au bar, j’attendais mon tour pour être servi ; il n’y avait plus qu’une personne avant moi quand Philippe Noiret est apparu, dans le petit bout de couloir qui allait vers la première classe. Je l’ai bien sûr immédiatement reconnu. Il m’a semblé terriblement âgé – ça fait toujours cet effet-là quand on rencontre un acteur que l’on connaît depuis toujours, et dont l’image que l’on s’en fait provient de films réalisés il y a vingt ou trente ans. Là, il y avait autre chose. L’homme était visiblement très malade, son visage exprimait la souffrance et quelqu’un l’aidait à marcher.

    Le barman s’est évidemment aussitôt tourné vers lui pour prendre sa commande. Mais Noiret a alors fait un petit geste en me désignant, qui signifiait que j’étais là avant lui. Le barman a été surpris et, après un temps d’hésitation, il s’est tourné vers moi puis a fait un pas dans ma direction. J’ai demandé un café tout en saluant Philippe Noiret – avec ce genre de discret acquiescement du visage qui signifie à la fois merci et bonjour. A ce moment, une jeune femme est apparue derrière le bar, venant d’une espèce de coin réserve dans un renfoncement du compartiment – elle a aussitôt pris la commande de la personne qui accompagnait l’acteur.

    Le type m’a servi, j’ai payé et je suis allé boire mon café dans un coin, en m’efforçant de ne pas regarder dans la direction de Noiret – à la fois par timidité et par respect. Au bout d’un moment, je me suis replongé dans le paysage qui défilait de l’autre côté du miroir…

    Il y a deux jours, j’ai regardé La cité des anges avec Nicolas Cage et Meg Ryan. Seth, un ange gardien habillé à la Matrix – et presque aussi beau que Keanu Reeves – renonce à l’éternité pour l’amour d’une humaine – pas n’importe qui : Meg Ryan, tout de même, dans le rôle de Maggie, une cardiologue. Il en chie mais parvient à ses fins. Et puis au lendemain de leur première nuit d’amour, elle meurt. Dur ! Mais il ne regrette rien parce qu’avoir été heureux avec elle une journée c’est mieux que passer l’éternité (et au bout d’un moment, ça commence à faire long), sans elle. Bon. Je suis client. C’est mon côté… comment dire ? Les mauvaises langues et autres machos suintant la testostérone diront que c’est mon côté ‘chochotte’ – mes copines diront que c’est ce côté féminin hyper développé qu’elles aiment tant en moi. Allez, j’ai même presque versé une petite larme quand elle meurt. Si, si. Bon, OK, je l’ai versée – mais elle était toute petite. Et puis j’ai fini la bouteille de Soho...

    Elle est vraiment belle, Meg Ryan. A la fois forte et fragile : pile ce qui me fait craquer.

    C’est tout à fait le genre de femme avec qui j’aimerais vivre, sur un bateau ancré à Sausalito, avec deux chats, des jardinières remplies de plantes tout autour, et des vélos pour aller faire les courses – je serais écrivain pour la jeunesse hyper star et je publierais, de temps en temps, des nouvelles de trois feuillets payées cinq mille dollars dans Playboy ou le Saturday Evening Post, et aussi je participerais à une émission de jardinage sur la radio locale, et Meg... euh… elle tiendrait par exemple une librairie avec des bouquins sur le New Age, ou alors elle serait directrice littéraire chez Ballantine, ou encore elle serait consultante en Feng Shui. Un truc cool, quoi. Ah ouais, ça serait rudement bien.

    Evidemment, ça serait après que j’aurais perdu quarante kilos et que j’aurais suivi un programme de remise en forme. Ainsi qu’un perfectionnement en anglais.

    Bon. Je commence demain.

    Bonjour chez vous.

                                                                            Cousin Francis


Décadi 20 Frimaire de l’An CCXV
(10 décembre 2006)
Jour du Hoyau et Journée Fleurs, en Lune décroissante et descendante, sous le signe du Sagittaire en son 2ème décan.
Aujourd’hui le Soleil s’est levé à 8h34.

Publié dans Chic Planète !

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F
PS : Bizarre, l`éditeur de tes commentaires : les apostrophes se retrouvent précédées de plein d`antislashs... :-(
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F
   Salut Francis,<br />    C\\\'est vrai qu\\\'elle est toute mimie, Meg Ryan. Et ses rôles en font un personnage attachant. Mais je ne te la disputerai pas : elle est un peu trop vieille pour moi... ;-) Un film "Ma vie sans Meg Ryan" (introuvable ?) semble être sorti dernièrement : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=111597.html L\\\'as-tu vu ? Sinon, désolé d\\\'avoir indiqué ton weblog à AFR, je me sens un peu responsable de l\\\'augmentation du nombre de visiteurs sur ton site... ;-)
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